Être sage-femme et vivre un parcours PMA, le témoignage de Pauline.

Poignante Pauline. Elle nous écrit un jour sur Instagram. Quelques lignes d'échanges suffisent pour que nous lui demandions de partager son expérience ici. Pauline est sage-femme, Maman, a connu un parcours PMA, et souhaite aujourd'hui accueillir un deuxième enfant.

Nous qui donnons la parole aux professionnels de santé, nous trouvions important de montrer ce qu'il se passe quand la blouse est tombée, quand la sage-femme rentre chez elle, comment aborde-t-elle la maternité, inhérente à son métier? 

 Pauline, pouvez-vous vous présenter?

Je m'appelle Pauline j'ai 32 ans, je suis en couple avec Aurélien, 35 ans et conseiller pour Canal +... et je suis sage-femme. J'ai un petit garçon de deux ans et demi, Marceau. 

Vous êtes atteinte du Syndrôme des Ovaires Polykistiques (SPOK), comment l'avez-vous découvert?

Lorsque mon premier désir de grossesse est arrivé. J'ai arrêté ma pilule et découvert mon SOPK. Après trois mois d'arrêt de pilule, je n'avais toujours pas mes règles. Il a suffi d'une échographie pour confirmer que j'étais atteinte du SOPK. Plus tard, les autres symptômes sont arrivés: acné, chute de cheveux, fatigue... 

Vous êtes donc passée par la PMA pour votre première grossesse... 

L'une des conséquences du SPOK, c'est que je n'ovule pas. Nous étions donc obligés de passer par la PMA dès le début des essais pour tomber enceinte.

Les deux premières années de PMA ont été très compliquées: soit je ne réagissais pas aux traitements, soit je me retrouvais en hyperstimulation seulement quelques jours après les injections. J'ai ensuite subi un drilling ovarien, une intervention qui consiste à percer les ovaire. Là aussi, le résultat n'était pas là, et ce fut même un échec puisque cette opération s'est soldée par une hémorragie juste après l'intervention, suivie d'une péritonite deux semaines plus tard. je décide donc de changer de centre de PMA, qui engendre une pause forcée de six mois. Nous sommes ensuite rentrés en process de FIV qui a donné 6 embryons, immédiatement congelés. 3 mois plus tard, j'accueillais l'embryon qui m'a donné mon fils, Marceau.

Aujourd'hui, vous souhaitez avoir un deuxième enfant. Le process PMA est-il différent?

Toujours pas d'ovulation en vue, nous sommes donc obligés de reprendre la PMA si nous souhaitons avoir un autre enfant. La reprise est plus simple la deuxième fois car il n'est pas nécessaire de refaire tous les examens. En ce moment, nous sommes en plein ajustement du protocole de cycle artificiel afin de permettre un nouveau transfert d'embryon congelé.

Vous êtes sage-femme, vous aidez donc des Mamans à accoucher tous les jours. Quel est votre position par rapport à votre métier, en étant en parallèle en parcours PMA?

Être sage-femme est pour moi le pire métier que l'on puisse faire quand on est en parcours PMA.

Je vous tous les jours des femmes enceintes, et des couples tellement heureux d'accueillir leur enfant. Je me confronte également à beaucoup de patientes qui s'expriment sur leur grossesse non désirée, mais gardée quand même, sur des délais de conception minimes malgré de grosses addictions... alors que moi, je fais tout pour tomber enceinte en ayant le mode de vie le plus sain possible. Tout cela a fini par me faire détester ce métier, qui m'a toujours pourtant tellement passionnée.  Heureusement, j'ai réussi à aimer de nouveau mon métier depuis que je suis Maman.

En quoi votre parcours PMA a-t-il influencé votre manière d'exercer votre métier?

J'ai toujours essayé de rester bienveillante et empathique envers mes patientes,  malgré ma souffrance de ne pas avoir d'enfant moi-même. Cela m'a également rendu plus à l'écoute, plus patiente et plus compréhensive surtout envers certaines patientes, notamment celles qui avaient également suivi un parcours PMA. Mes collègues n'ayant pas connu ce parcours ne comprennent pas toujours le niveau de stress et d'inquiétude qui peut s'emparer de ces parents.

C'est un parcours qui laisse des traces à vie et que je n'oublierai jamais.

Je sens la marque de la PMA chaque jour dans mon travail de sage-femme et cela pour encore très longtemps, j'en suis sûre.

En tant que sage-femme, que pensez-vous de votre pouvoir de prescription auprès des futures et jeunes Mamans? 

C'est une question épineuse car le pouvoir de prescription nous confère une grande responsabilité, notamment au niveau médico-légal. Il appuie le caractère médical de notre profession et nous permet une autonomie très appréciable dans notre relation avec nos patientes. En revanche, la rémunération est trop insuffisante en regard de ce pouvoir de prescription et engendre un décalage assez difficile à vivre pour de nombreuses sages-femmes. 

Quels conseils pourriez-vous donner à des patientes en parcours PMA?

La PMA a des effets secondaires, retentit sur le couple, le travail et la vie sociale, et les échecs à répétition sont très difficiles à vivre. Il faut savoir prendre du temps pour soi, s'accorder des petits plaisirs et faire une pause si on en ressent le besoin. 

J'aimerais surtout leur dire de ne jamais perdre espoir malgré toutes ces difficultés et que même après des années de combat, une fois que bébé est avec nous, que si il le fallait, on le referait mille fois.

Retrouvez Pauline sur son compte Instagram: @marceau_et_popi

 

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